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RGE : trois lettres, mille suspicions… et pourtant
Ce qu’on croit savoir, ce qu’on préfère oublier, et ce qu’il faut défendre
C’est l’acronyme qui fait peur à moitié, et sourire l’autre. RGE : Reconnu Garant de l’Environnement. Trois lettres qu’on brandit comme un totem administratif. Trois lettres qui ouvrent les droits aux aides. Trois lettres qui, parfois, sonnent creux.
Soyons honnêtes : la certification RGE a mauvaise presse dans certains cercles. Trop de paperasse. Trop de contrôles. Trop de boîtes qui l’ont pour cocher une case sans jamais incarner ce qu’elle suppose. Et de l’autre côté, des clients qui la réclament machinalement, sans même savoir ce qu’elle signifie.
Mais sous cette couche d’agacement et de cynisme… il reste un socle. Un fond. Une nécessité. Et une valeur. Encore faut‑il oser la regarder droit dans les yeux.
L’étiquette ou le savoir‑faire ?
On confond tout. On pense que la RGE, c’est une médaille. Un sticker à coller sur une camionnette pour impressionner la copropriété. En réalité, c’est un engagement. Pas tant envers l’État, ni même envers les normes, mais envers la logique du métier : faire bien, avec un impact mesuré.
Car oui, être RGE, ce n’est pas juste cocher une grille de compétences. C’est accepter d’être évalué. Observé. Noté. C’est suivre des formations, fournir des preuves, se faire inspecter sur site par un inconnu venu scruter la façon dont on colle une plaque d’isolant ou pose une fenêtre. C’est se confronter, parfois, à ses propres négligences.
Et ça, tout le monde n’a pas le courage de le faire. Alors oui, certains trichent. Certains obtiennent le label et dorment dessus. Mais ceux qui le vivent, ceux qui le tiennent à bout de bras, savent ce que ça vaut.
Le client veut du RGE comme il veut du bio
C’est un réflexe. Un automatisme. Le client veut du RGE parce qu’il a entendu qu’il y aurait des aides. MaPrimeRénov’, Certificats d’Économie d’Énergie, TVA réduite… tout un cocktail de subventions qui n’existent qu’à condition de travailler avec un artisan RGE.
Alors il ne vous demande pas ce que vous allez poser. Il demande si vous êtes RGE. Comme on demanderait à un restaurateur si ses tomates sont bio. C’est rassurant. C’est simplifié. C’est faux, parfois.
Parce que le label ne garantit pas l’intention. Il garantit une base. Une grille. Une structure. Pas la sincérité du geste, ni la profondeur de la réflexion écologique. Il faut le dire. Il faut l’admettre. Et il faut l’assumer.
Mais mieux vaut un professionnel RGE tiède qu’un prestataire "engagé" mais hors cadre. Parce que dans ce domaine, ce qui compte, c’est la traçabilité. Pas le discours.
Un chemin semé d’absurdités administratives
On ne va pas mentir : obtenir et conserver la certification RGE est un enfer de paperasse. Dossiers à monter. Formations à suivre. Contrôles techniques à prévoir. Délai de traitement lunaires. Incohérences réglementaires.
On vous refuse un audit parce que vous n’avez pas fait assez d’isolations cette année. On vous menace de radiation pour un devis mal libellé. On vous oblige à refaire une formation tous les quatre ans alors que vous avez vingt‑cinq ans de métier dans les mains. C’est kafkaïen.
Mais au fond… c’est ça aussi, l’engagement. Accepter que le système soit mal fichu. Et rester dedans quand même. Pour que le client ait confiance. Pour que le chantier soit reconnu. Pour que l’effort ne soit pas invisible.
RGE, ce n’est pas un badge. C’est un pacte
C’est peut‑être ça qu’on oublie trop vite. Être RGE, ce n’est pas dire : "Je suis écolo." C’est dire : "Je joue le jeu." Celui de la transparence, du contrôle, de la logique collective. Celui où on accepte que le confort individuel (du pro comme du client) soit soumis à une exigence supérieure : celle du climat.
Ce n’est pas parfait. Ce n’est pas pur. Ce n’est pas glorieux. Mais c’est un début. Et aujourd’hui, on n’a plus le temps pour les postures. Il faut du concret. De la mesure. De l’engagement, même imparfait.
Et si demain, un client vous demande : "Vous êtes RGE ?", il ne s’agit pas de répondre "oui" comme on montrerait un ticket de caisse. Il s’agit de dire : "Oui, et voilà pourquoi c’est important." Même si ça le saoule. Même s’il ne comprend pas tout. Parce que ce que vous construisez à ce moment‑là, ce n’est pas une façade. C’est un lien de confiance.
Et ça, c’est rare. Et ça, c’est durable.